Des AFFF aux F3 : les F3 sont créés — Partie 6
Dans les articles précédents (partie 1 à 5) nous avons traité l’Histoire, la Chimie, L’Impact sur la Santé et l’Environnement et la Réglementation pour les produits contenant des PFCs.
Introduction
Depuis le retrait de 3m de la chimie du fluor en 2000 jusqu’au marché actuel, un nombre croissant de fabricants ont présenté des émulseurs sans fluor. Si aujourd’hui, les fabricants disent que les F3 sont une évidence voire une obligation, cela n’a pas été toujours le cas depuis les années 2000 !
Les premières années 2000-2012
En réalité, pendant plus de 12 ans, seulement 2 chimistes – nommés Ted Shaeffer et Thierry Bluteau -, se sont réellement intéressés et ont travaillé pour proposer la première génération de F3, respectivement RE-Healing Foam (Solberg) et ECOPOL (BIO-EX). Ces premiers F3 étaient très performants sur feux de solvants polaires, mais présentaient des faiblesses sur les feux d’hydrocarbures.
Pendant ces années, la bataille faisait rage entre ces deux sociétés pionnières et leurs concurrents – regroupés sous la bannière FFFC – à propos de maintien ou pas de la technologie AFFF sur le marché. Malgré tous leurs efforts pour miner la technologie F3, le changement était en marche et de nombreux utilisateurs avaient décidé de changer pour un émulseur ‘’vert’’ et efficace.
Les dernières années 2012-2024
Cette période peut être considérée comme une transition, quand il est devenu indéniable que les F3 deviendraient les émulseurs du futur et les AFFF des produits du passé. Cette période a éveillé la conscience des utilisateurs et des fabricants et en quelques années la deuxième génération des F3. La principale avancée est la performance améliorée sur feux d’hydrocarbures, les produits annonçaient des performances maximales selon les normes EN 1568-3 et UL162. Les chimistes ont changé : Thierry Bluteau est conseil auprès de 3FFF Ltd et Ted Shaeffer est à la retraite. D’autres chimistes se sont attelés à la création des F3.
La technologie F3
Le chimiste a dû résoudre un problème de taille : le retarit de la formule des molécules perfluorées a signifié la nécessité d’utiliser une composé/mélange chimique combinant des propriétés extinctrices similaires, à savoir la résistance à la chaleur et à la contamination par le carburant.
Nous avons vu dans les articles précédents que les formules synthétiques sont basées sur l’association de tensio-actifs, de solvants et de polymères. Le choix est vaste pour le chimiste.
– Plus de 7000 tensio-actifs sont répertoriés
– Nous comptons entre 800 et 1000 solvants hydrophiles
– Pour les polymères, le choix est immense, probablement plus de 1000 classes de polymères existent, sans compter les nombreux copolymères et les variations de longueur et de ramification.
Il est possible d’apprécier la difficulté pour le chimiste à sélectionner parmi tous ces produits pour aboutir au produit final.
La formule adéquate pour un émulseur est l’équilibre entre les différents composants pour obtenir une performance extinctrice satisfaisante, tout en maintenant des caractéristiques satisfaisantes, telles que la densité, le pH, la viscosité, le foisonnement, le temps de décantation et la stabilité au vieillissement.
Hélas, l’emploi en excès de polymères entraine une augmentation importante de la viscosité, ce qui rend certains émulseurs impossibles à doser avec des proportionneurs classiques. Certains fabricants de doseurs ont dû modifier leur système d’injection pour prendre en compte cette viscosité élevée ; et dans certains cas, certains émulseurs ont juste impossibles à utiliser dans la pratique.
Nous avons vu que, même si les meilleurs F3 sont comparables en performance aux AFF, ils sont très visqueux et nécessitent l’emploi de doseurs spécifiques – et coûteux. Cela entraine un cout annexe imprévu qui en final augmente l’ensemble de l’équipement anti-incendie.
En dehors de la viscosité qui est un problème majeur, la majorité des F3 contiennent des quantités élevées de solvants – principalement des glycols et éthers de glycols – aux effets toxiques potentiels. Ces solvants migrent et pénètrent la peau, ce qui provoque des risques d’allergie, d’irritation/sensibilité cutanée, et d’autres effets sur la santé une fois dans le sang.
La troisième génération des F3
La société 3F s’est consacrée depuis ses débuts à proposer des produits F3 conçus pour répondre parfaitement aux besoins de l’utilisateur. Cette philosophie est ancrée dans son génome, 3F offre une gamme complète de F3 – sous la marque FREEGEN – pour répondre aux besoins du marché.
C’est pourquoi 3F a développé une technique exclusive et offre les émulseurs SMART FOAM ® ; cette technologie permet d’éliminer complètement les solvants de la formulation. De plus, 3F a mis au point une combinaison permettant de contrôler la viscosité finale de l’émulseur tout en maintenant un haut niveau de performance sur feux. C’est ainsi que 3F propose 2 SMART FOAM FREEGEN SF-LV et FREEGEN ULTRA utilisables avec tous les doseurs du marché – même avec un simple doseur de type Venturi.
CONCLUSION
La technologie F3 est facilement disponible et a démontré son efficacité. Grâce au support de la réglementation, l’industrie est déjà en cours de remplacement du stock d’AFFF par des F3. Les F3 sont en cours de développement pour offrir encore plus de possibilité, en termes de concentration d’emploi, foisonnement, efficacité, etc… Au moment du choix, le décideur et/ou chef des pompiers doit vérifier que l’émulseur est compatible avec ses besoins et son matériel, et répond aux critères de performances exigés (LastFire, VDS, EN, OACI,…)